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Bernard CHIRIS

HAUTE-ECOLE ET BASSE-ECOLE
de Bernard Chiris

paru dans la revue Cheval Lusitanien Magazine- 2009

La Haute Ecole est la forme la plus aboutie de l'Art Equestre.

Elle se propose de rendre au cheval monté la grâce, la beauté et l'équilibre des attitudes et des mouvements naturels du cheval dans la plénitude de ses moyens, heureux, libre et conquérant. Elle se caractérise par l'absolue légèreté du cheval placé dans l'équilibre le plus parfait, quelle que soit la difficulté de l'exercice. C'est le rassembler dans la légèreté. Et le rassembler est la poésie de l'équitation.

Tout travail commence par la perfection des choses simples. La recherche de la pureté des allures est le premier et le dernier objectif du cavalier.

La " Basse Ecole "

La Basse Ecole se caractérise par un équilibre encore horizontal, une juste répartition du poids entre l'avant-main et l'arrière-main du cheval. Elle recherche la parfaite régularité des trois allures à toutes les cadences et dans toute la gamme des variations d'amplitude. Le cheval est sur la main. Il se porte franchement vers l'avant, dans une attitude stable, sans être encore rassemblé.

La Basse Ecole comprend traditionnellement l'ensemble du travail aux trois allures, sur une ou deux pistes ainsi que le changement de pied isolé au galop.


Le poulain qui sort du débourrage, le jeune cheval dans ses premiers mois ou dans ses premières années de travail, passent insensiblement, séance après séance, en fonction de son développement physique et de son degré d'acceptation, d'un équilibre horizontal à un équilibre rassemblé tout en développant ses allures. Il réduit son " polygone de sustentation " pour travailler sur des bases plus courtes.

La " Haute Ecole "

La Haute Ecole se caractérise par l'engagement des postérieurs, l'abaissement des hanches, la flexion des articulations, l'équilibre sur les hanches. Elle se définit avant tout par le rassembler dans la légèreté.
Le cheval, maître de son équilibre, travaille sur des bases raccourcies. Il libère son avant-main, relève ses allures, arrondit son geste dans une impulsion réellement supérieure, perdant en étendue ce qu'il gagne en hauteur. La flexibilité des hanches s'accroît, l'encolure se grandit et se décontracte, la mise en main se perfectionne.



On parle alors "d'allure d'école". C'est la recherche de la rondeur, sans laquelle il n'y a pas d'Art Equestre. Le cheval donne alors l'impression de se manier seul, sans l'intervention de son cavalier.
On peut considérer que la Haute Ecole comprend le pas, le trot et le galop d'école, les changements de pied rapprochés jusqu'au temps, la pirouette, le piaffer, le passage, le pas espagnol, ainsi que les airs relevés.
Précisons tout de suite que le pas espagnol est un geste naturel pour le cheval. Lorsqu'il exécuté dans le respect du cheval, dans l'équilibre et la légèreté, il se classe indéniablement dans l'équitation académique...

Les " airs relevés "

On appelle airs relevés ou airs d'école les exercices au cours desquels le cheval élève au-dessus du sol son avant-main, ou bien son avant-main et son arrière-main en même temps. Dans le travail très rassemblé, au piaffer très engagé, il n'est pas rare qu'un cheval, commence à détacher ses antérieurs du sol, ou, lorsqu'il est particulièrement ardent, s'élève avec une grande énergie et se détache vigoureusement du sol.
On distingue alors, selon l'expression de ce rassembler et de cette vivacité, la levade, la pesade, le mezzair ou galop terre à terre, la courbette, la croupade, la ballotade et la cabriole. Ces sauts révèlent le caractère et la fougue d'un cheval ainsi que ses aptitudes aux sauts d'écoles. C'est un phénomène naturel qui est mis en valeur et stylisé dans les sauts d'école.

Une telle distinction a-t-elle lieu d'être ?

Mais la distinction entre Haute Ecole et Basse Ecole permet simplement de hiérarchiser artificiellement l'évolution du travail du cheval. Ces notions ont longtemps été utilisées afin de clarifier le propos.
Mais l'on ne peut classer un exercice dans une catégorie en fonction de sa difficulté supposée. La manière dont un exercice ou un mouvement est exécuté par le cheval en détermine la valeur. Plus que sa " catégorie ".

Il y a plus de Haute Ecole dans une simple volte réalisée dans l'équilibre et la légèreté la plus parfaite que dans l'exploitation habile et immédiate d'une disposition naturelle du cheval, ou dans un piaffer extorqué par désir de briller.
Mais que l'on ne s'y trompe pas ! Toute allure ou exercice exécuté à la perfection est Haute Ecole.
Dès lors la distinction entre Basse Ecole et Haute Ecole est arbitraire. L'équitation est un ensemble dont aucun détail ne doit être négligé. Chaque élément est le fruit du travail accompli et détermine l'avenir...

Si la technique est directement lisible et si l'effort apparaît aux yeux de l'observateur, le travail perd la plus grande partie de sa valeur, pour ne pas dire toute sa valeur ! L'équitation d'école n'est pas une accumulation de choses compliquées ou de tours de force, mais l'expression la plus aboutie du rassembler et de la légèreté. Une équitation sereine dans laquelle cheval et cavalier s'épanouissent…
Elle ne peut être mise en œuvre que par un cavalier totalement relaxé, à l'attitude irréprochable, à l'assiette liante, doté d'un tact développé et d'une grande finesse.

Le travail d'école dégage alors une réelle valeur artistique. Il est plénitude, émotion et harmonie !

Bernard CHIRIS

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